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De combien peut on augmenter un loyer : plafonds légaux et situations dérogatoires

De combien peut on augmenter un loyer : plafonds légaux et situations dérogatoires

De combien peut on augmenter un loyer : plafonds légaux et situations dérogatoires

Cadre légal : jusqu’où peut-on aller dans la révision du loyer ?

Modifier le loyer d’un bien immobilier n’est pas une affaire de simple humeur ou de sensation du marché. En France, c’est un exercice cadré, jalonné de règles strictes, de plafonds à ne pas franchir, et d’exceptions qui, parfois, ouvrent la porte à une marge de manœuvre plus confortable. Que vous soyez propriétaire d’un charmant studio avec vue sur le port de Marseille ou d’un duplex à deux pas du Vieux Lille, il est essentiel de connaître les contours légaux qui encadrent ces ajustements.

La révision ou la hausse d’un loyer dépend principalement de deux contextes : pendant le bail en cours – ce qu’on appelle généralement la révision annuelle – et au moment du renouvellement du bail. Et dans chaque situation, la loi veille au grain.

La révision annuelle encadrée par l’IRL

Ce doux acronyme de trois lettres, l’IRL (Indice de Référence des Loyers), est le phare à suivre lorsqu’un propriétaire souhaite appliquer une augmentation annuelle du loyer. Publié chaque trimestre par l’INSEE, l’IRL détermine le pourcentage maximal d’augmentation autorisé et s’applique uniquement si une clause de révision figure dans le bail. Autrement dit, pas de clause, pas de hausse.

Imaginons que vous louiez un appartement à Aix-en-Provence depuis juillet 2022, et que votre contrat mentionne le droit à une révision annuelle. Si l’IRL du deuxième trimestre 2023 est en hausse de 3,5 % par rapport à celui de 2022, vous pourrez augmenter le loyer à due proportion, ni plus, ni moins.

Mais attention… Depuis la crise énergétique et la reprise de l’inflation, le gouvernement a mis en place un bouclier destiné à éviter une flambée des loyers. De juillet 2022 à avril 2024, cette revalorisation est plafonnée à +3,5 % par an en métropole. Dans les DOM, c’est même limité à 2,5 %. Une manière d’assurer un certain équilibre.

Cas particulier : l’augmentation du loyer lors d’un renouvellement de bail

Changer d’air, oui, mais changer les règles du jeu, pas sans conditions. Lors du renouvellement d’un bail, le propriétaire peut effectivement proposer une réévaluation du loyer. Mais là encore, le Code de la Construction et de l’Habitation veille à ce que les décisions ne soient pas prises à la légère.

Cette réévaluation est permise uniquement si le loyer est manifestement sous-évalué… et il faut pouvoir le prouver. Le propriétaire doit fournir au moins six exemples de loyers similaires dans le même secteur pour établir une base de comparaison. Si vous louez un trois-pièces à Biarritz à un prix bien inférieur aux standards du quartier, cette disposition peut vous permettre de réaligner le loyer avec la réalité du marché – sans tomber dans l’exagération, bien sûr.

Le locataire, de son côté, a parfaitement le droit de refuser cette proposition. Dans ce cas, l’affaire peut aller jusqu’au juge des contentieux de la protection, qui tranchera en fonction des argumentaires de chacun. Un bras de fer que l’on préfère toujours éviter.

Zone tendue, tension légiférée

Ah, les zones tendues… Derrière cette expression se cache une réalité bien palpable : une demande de logements nettement supérieure à l’offre. Cela concerne 28 agglomérations françaises, dont Paris, Lyon, Toulouse, Nice ou encore Montpellier. Dans ces zones, le législateur a resserré les boulons pour protéger les locataires… et éviter les abus.

Lorsqu’un nouveau locataire entre dans les lieux, le propriétaire ne peut augmenter librement le loyer par rapport au précédent locataire, à moins de justifier de :

Dans ces zones très convoitées, le dispositif d’encadrement des loyers (là aussi piloté par la loi) peut même imposer un loyer de référence au mètre carré, avec une marge de manœuvre très limitée, souvent à +20 %. Prenons l’exemple d’un F2 à Paris dans le 11e arrondissement : si le loyer de référence majoré y est fixé à 1 200 € pour la surface du bien, impossible de le proposer à 1 500 € sans justifications en béton armé.

Et si le logement est meublé ?

La question revient souvent à l’heure de jongler entre rentabilité locative et cadre réglementaire. Pour les locations meublées, notamment en zone tendue, les règles de révision ou de revalorisation du loyer sont quasi-identiques à celles des locations nues.

Cependant, dans certaines villes comme Paris ou Bordeaux, l’encadrement du loyer s’applique également aux logements meublés. Là encore, des plafonds sont publiés et doivent être respectés, avec la possibilité d’un complément de loyer en cas de caractéristiques « exceptionnelles » : terrasse panoramique, vue sur la mer, jardin méditerranéen suspendu… Ce supplément reste toutefois contrôlé, et doit correspondre à une vraie valeur ajoutée, ET non au simple charme subjectif de votre décoration provençale !

Les cas de travaux justifiant une augmentation plus importante

Il suffit parfois d’oser quelques travaux d’amélioration pour ouvrir la voie à une nouvelle grille de loyers. Nouvelle chaudière à condensation, ravalement de façade, mise aux normes énergétique… Autant d’interventions qui peuvent justifier une hausse du loyer supérieure à l’indice IRL habituel.

Mais ici encore, rien n’est automatique. Il faut impérativement que ces travaux bénéficient au confort du locataire ou améliorent significativement la performance du logement. Il ne s’agit pas de refaire la cuisine pour vos envies déco et majorer le loyer de 10 % à la volée. Pour être valable, le montant des travaux doit représenter au moins six mois de loyer – un seuil non négligeable.

Ainsi, en rénovant un ancien appartement à Montpellier avec double vitrage et isolation thermique, il est possible de revaloriser judicieusement le loyer… tout en augmentant sensiblement la valeur du bien sur le marché.

Anecdote au goût salin : un cas concret sur notre côte

Mon amie Giovanna, installée à Sète depuis quelques années, loue une maisonnette de pêcheur à deux pas du canal royal. L’an dernier, après avoir réalisé une rénovation complète – nouvelle toiture, enduits isolants, installation d’un poêle à granulés – elle a souhaité une légère hausse du loyer. Résultats : hausse de 5 %, validée par son locataire ravi du confort en hiver, et valorisation nette du bien estimée à près de 15 % sur le marché local. L’histoire d’un équilibre bien mené, en toute harmonie réglementaire et relationnelle.

Quelques conseils pour éviter les faux pas

Comprendre les plafonds légaux et maîtriser les situations dérogatoires n’est pas seulement une obligation juridique : c’est aussi une précieuse boussole pour ménager un lien équilibré entre rentabilité locative et qualité de la relation avec le locataire. Car dans l’immobilier, le respect des règles joue souvent en faveur d’un climat apaisé, durablement propice à toutes les parties.

Après tout, que vous louiez un deux-pièces sous les toits de Marseille, une villa lumineuse en baie de Cassis, ou un chalet douillet à Serre Chevalier, chaque maison raconte une histoire. Et comme souvent dans les histoires d’habitat, la règle, bien comprise, devient un outil au service de l’harmonie — non une entrave.

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